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Le bruit et la fureur.
16 mai 2010

La Chute.

En attendant Ulysse.

"Il faut d'abord savoir que j'ai toujours réussi, et sans grand effort, avec les femmes. Je ne dis pas réussir à les rendre réussir, ni même à me rendre heureux par elles. Non, réussir, tout simplement. J'arrivais à mes fins, à peu près quand je voulais. On me trouvait du charme, imaginez cela ! Vous savez ce que c'est le charme : une manière de s'entendre réponse oui sans avoir posé aucune question claire. [...] Le fait est là, on me trouvait du charme et j'en profitais.

Je n'y mettais cependant aucun calcul ; j'étais de bonne foi, ou presque. Mon rapport avec les femmes était naturel, aisé, facile, comme on dit. Il n'y entrait pas de ruse, ou seulement celle, ostensible, qu'elles considèrent comme un hommage. Je les aimais, selon l'expression consacrée, ce qui revient à dire que je n'en ai jamais aimé aucune. J'ai toujours trouvé la mysoginie vulgaire et sotte, et presque toutes les femmes que j'ai connues, je les ai jugées meilleures que moi. Cependant, les plaçant si haut, je les ai utilisés plus souvent que servies. Comme s'y retrouver ?

Bien entendu le véritable amour est exceptionnel, deux ou trois par siècle à peu près. Le reste du temps, il y a la vanité ou l'ennui. [...] Je n'ai pas le coeur sec, il s'en faut, plein d'attendrissement au contraire, et la larme facile avec ça. Seulement mes élans se tournent toujours vers moi, mes attendrissement me concernent. Il est faux après tout que je n'ai jamais aimé. J'ai contracté dans ma vie au moins un grand amour, dont j'ai toujours été l'objet. [...]

La sensualité n'est pas répugnante, elle. Soyons indulgents et parlons d'infirmité, d'une sorte d'incapacité congénitale à voir dans l'amour autre chose que ce qu'on y fait. Cette infirmité, après tout, était confortable. Conjugée à ma faculté d'oubli, elle favorisait ma liberté. Du même coup, par un certain air d'éloignement et d'indépendance irréductible qu'elle me donnait, elle me fournissait l'occasion de nouveau succès. A force de n'être pas romantique, je donnais un solide aliment au romanesque. Nos amies, en effet ont ceci de commun avec Bonaparte, qu'elles pensent toujours réussir là où tout le monde a échoué. [...]

J'aimais dans les femmes les partenaires d'un certain jeu, qui avait le goût, au moins, de l'innocence. Voyez-vous, je ne peux supporter de m'ennuyer et je n'apprécie dans la vie que les récréations. Toute société, même brillante, m'accable rapidement tandis que je ne me suis jamais ennuyé avec les femmes qui me plaisent. J'ai de la peine à l'avouer, j'aurais donné dix entretiens avec Einstein pour un premier rendez-vous avec une jolie figurante."

Ca donne envie de se faire tatouer J'aime Camus, plutôt que ce chat maladif.
Et je cherche toujours une maison pour la nuit du 9/10 juillet, le plus vers le treizième possible !
Accessoirement, remplissez le vide, regardez Der Himmel über Berlin, j'ai enfin découvert Truffaud sinon.

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Commentaires
L
Fais-toi tatouer un paragraphe dans l'dos. <br /> Ou ce fameux coeur sur le front !<br /> <br /> Et puis désolée, pour le 9/10, j'peux pas t'héberger (en plus, t'aurais quand même 1h30 de transport à te taper pour arriver à ton oral à l'heure). Mais j'tenterai de passer par l'Avenue des Gobelins durant cette période ; )<br /> <br /> Des bisous, Gomez !
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