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Le bruit et la fureur.
31 janvier 2009

La possibilité d'une île.

Penses-y S., quatre ans. Ca fait quatre ans que tu es avec ton mec.

A ces mots, elle s'est tendue ; j'ai fermé les yeux, arrêté mes caresses sur ses joues. Elle s'est dégagée doucement de mes bras, s'est relevée, pour se blottir sur elle-même, seule dans le coin. J'ai pensé mon visage sur le sien, murmuré quelques mots ; elle a tendu ses doigts, frôlé les miens.

Ma colère, subitement exaltée, retombe doucement. Je regrette déjà son visage, entouré dans mes mains, mais ses doigts glacés, qui serrent à nouveau mon avant-bras, me calme. Sa tête posée contre mon épaule, je l'écoute respirer, et oublie celle à qui je dois cette tension.

Je me sentais plus jeune, plus léger, plus heureux dans mon corps. J'avais le sentiment profond d'une capiteuse insouciance, d'un flot désordonné d'images sensuelles qui ruisselait de mon imagination comme le bief d'un moulin, d'une dissolution des obligations morales, d'une liberté de l'âme inédite mais non point innocente. Dès le premier souffle de cette vie nouvelle, je sus que j'étais plus pervers, dix fois plus pervers, livré en escalavage à ma méchanceté originelle ; cette pensée-là, sur le moment, me revigora et m'ennivra.

Tout ça devait arriver, je crois. Depuis des heures, depuis des jours ; tout ça avait la candeur d'un jeu, stupide et subtile, qu'aucun de nous n'a voulu - ou n'a su - arrêter. L'absurdité même de notre mariage, de notre première rencontre avait déjà scellé nos doigts. Les regards qui se posent sur nous sont pourtant autant de voies à suivre pour t'échapper ; en attendant tes élans de conscience.

Nos pas, en cadence, à l'abri d'un parapluie qui trainait ; ta main qui se referme sur mes doigts, sur ma cigarette ; tes lèvres sur le bord de mon verre. La violence de tes coups, et tes bras autour de mon cou. Jusqu'à ma voix qui murmure, La possibilité d'une île. Tout était vide de sens, de projets ; leurs regards sur nous n'avaient pas mieux compris.

Elle a ouvert les yeux doucement, perdue ; elle s'est serrée une dernière fois contre moi, retrouvée, puis elle s'est tournée, éloignée, le visage enfouie sous le drap, les yeux brillants de doute et de fatigue. L'élan final de sa conscience. Et le réveil qui sonne. De nos derniers mots, il ne reste rien. S'il est une fin, elle est là.

Elle trouvera dans ces cours, de géo, le développement de l'histoire.
La lettre de Joséphine, et le portrait.

Jekyll était composite : tantôt avec les plus vives appréhensions, tantôt avec une avidité féroce, ils s'exteriorisait pour partager les plaisirs et les aventures de Hyde. [...] Jekyll manifestait plus que de l'affection paternelle ; Hyde manifestait plus que de l'indifférence filiale.

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