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Le bruit et la fureur.
25 janvier 2009

Les parois du vide.

Trois jours entiers, trois nuits surtout, que j'ai fui.

Jeudi, il était là, l'air plus assuré que la démarche ; le sourire grandiose, ou bien grotesque, fixé sur les lèvres. Enroulé dans son écharpe blanche sur noir. Il recroise des souvenirs, passablement déçu, se lève, doute, salue et part. Vers un avenir, rêvé.

Pour retomber en plein passé, devant une bière. Il ne reconnait personne, pas un de ces gens qu'il avait suivi des yeux dans cette pénombre. Il cherche ce gars blond avec sa copine, il s'attache à du vide, un instant, et boit.

Courir sous la pluie, chercher, trouver, perdre, se prendre la tête, la rattraper par les épaules, et repartir. Des heures vaines, son téléphone sonne, des voix inconnues, des destinations opposées, finalement, on croise P. sous un parapluie, avec trois personnes. Inconnues. Il attrape le parapluie, tombe, et son sourire reste, injustement. Ils partent, tous les six, au hasard ; un appartement, en attendant. A. est rentrée. Rien ne nous pressent, tout ceci a quelque chose d'un rêve. Lorsqu'elles partent, des doigts se frôlent, des sourires, abandonnés au vide. Il restera encore une heure, avant de retrouver A. Elle est chez elle, avec deux autres, il y a du vin, ils sortent un jeu.

Au milieu de la pièce, ils jouent tous les deux, des sourires dans les yeux, du mépris sur les lèvres. Le sommeil les rattrape, comme les autres ; plus d'une journée est passée. Ils ferment les volets, pour ne pas voir le soleil et s'endorment.

Vendredi, toute force l'a quitté. Il reste là, allongé, le regard encore ivre. Les cinq heures de sommeil de sommeil se lisent dans le creux de ses joues. Il serre la couette contre son visage, essaye d'oublier la lumière, la vie qui brûle dehors. Elle se réveille aussi, elle a perdu sa voix. Elle ne tardera pas à dormir encore. Sur l'écran les films défilent. Les heures passent. P. sort de l'appartement. Elle se réveille, ils se rapprochent, sans se toucher. Lorsque P. revient, rien n'a changé dans la pièce. Il déplie, découpe, recréé de la vie, des rires. Les films défilent toujours, il est déjà tôt le matin. Il ne passera rien. Il s'endort.

Samedi, lorsque S. ouvre la porte, la fenêtre l'effet est immédiat, étrange. Il se lève aussitôt, déjà, sans s'en rendre compte, il est totalement sur les nerfs. Ils descendent fumer dans la cour, les yeux mi-clos, aveuglés par la lumière froide de décembre. Ils se séparent dans le début d'après-midi.

En réalité, je n'ai pas vraiment disparu, quelque chose de moi était encore là, dans tout ces instants, prisonnier de l'éclat de ses yeux. Parfois, lorsqu'on parle d'elle, je me glisse à la surface, et violemment, d'un rire étrange, il me balaye. Avec la conversation.

Samedi, le soir, la soirée se déroule doucement, les bouteilles de vin s'alignent le long du canapé.

Seul, assis dans la cuisine, des mots jetés en l'air, déchire l'espace. Son visage s'arrête, se crispe, comme vidé. Un instant je transparais sous ses traits, mais, rapidement, je me rends compte du vide qui nous sépare. Qui la sépare de moi. Quelqu'un me rejoint, il y a comme un blanc.

Il répond, serein. Sa froideur est trop nette. Ses nerfs ont comme pris la suite de ces idées. Quelque chose à l'intérieur s'est rompu. Il attend, son esprit se vide avec les verres. Un grain de folie s'élève sur la pièce, sans raison. Comme si tout se tendait.

La suite, c'est la folie et la mépris. La note de peur, les mimes, Bela Lugosi, le lit de Clara, la dernière bouteille de vin. Dans le désordre. La décroissance, et le Soleil d'Austerlitz. C'est là que tout se perd.

Jusqu'au matin, jusqu'au soleil. Il s'amuse, victorieux, destructeur, se joue des lèvres qui tremblent, des silences et des mots qui meurent en elle. J'essaye de le calmer, d'attendrir son regard, mais il n'y a plus rien. Que le vide entre eux, le vide entre elle et moi.

Et une douce unité entre nous, lorsqu'ayant retrouvé mon lit, je me perds dans un rêve.

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